« Vivez vos rêves ne rêvez pas votre vie » une histoire vraie qui donne à réfléchir sur le sens de notre vie.

Bonjour

Cela a toujours était l’une de mes devises préféré et j’essaye de la partager toute l’année avec tous ceux que j’emmène en montagne. Il y a une histoire que j’aimerai vraiment vous raconter car elle est originale et mérite qu’on y réfléchisse quelques secondes.

L’été dernier mes amis Benoit et Jean Patrick reviennent comme chaque année depuis plus de 15 ans maintenant pour une semaine de montagne. La météo nous oblige à décaler nos sorties et nous commençons par une petite remeise en « mollet » vais je dire, par une pente glaciaire assez raide, la Contamine Mazaud au Triangle du Tacul. Tout roule à merveille on sort au sommet du Mont Blanc du Tacul et on courre à la descente sous la menace des séracs dans la voie normale.

Mon ami Enrico m’annonce qu’il va à l’éperon de la Brenva qui est en super conditions, du coup nous voilà partis avec Enrico pour cette magnifique voie glaciaire du versant Italien du Mont Blanc. Nous sortons au sommet du Mont Blanc en pleine forme et dans un timing des plus satisfaisant. Du coup je m’empresse de leur proposer d’aller re tenter l’arête de l’Innominata au Mont Blanc, étant bien acclimater et en super forme. Nous avions rebroussé chemin il y a 10 ans, à cause d’une météo pas 100% top et quelques doutes sur nos capacités! Cela nous ferait monter  dimanche au refuge Monzino  et faire la course le lundi.

Pour Jean Patrick c’est impossible et pour Benoit non plus car son carnet de rendez vous est plein pour lundi et impossible de ne pas être au rendez vous de ses patients à Paris.

De mon côté j’insiste largement, les conditions sont optimal, neige, météo etc… C’est une course dont nous rêvons depuis plus de 10 ans, Benoit à une forme de champion, bref « tous les clignotants sont au vert ». La mort dans l’âme je reconduis Benoit à la gare de Saint Gervais, en réessayant encore une fois de le convaincre d’aller faire cette course. Tous les superlatifs sont tentés, « la course de ta vie », l’une des plus belle des alpes etc… Rien à faire je dépose Benoit à la gare bien conscient que nous ratons une occasion unique.

Je remonte à la maison et nous attaquons le déjeuner en famille sur la terrasse , sous un soleil radieux. 10 minutes plus tard mon téléphone sonne!

« Allo Benoit? Tout va bien tu es dans le train? »

« Pierre? Oui c’est moi. Non je ne suis pas dans le train je suis sur le quai de la gare de St Gervais! »

« Comment cela sur le quai? T’as raté ton train? »

« Non je suis descendu du train, viens me chercher on part à l’Innominata demain! »

« C’est une blague ou quoi? »

« Non sérieux, je suis là je t’attends et cet après midi j’annule tous mes rendez vous. Je suis descendu 15 secondes avant la fermeture des portes, conscient que je ne pouvais pas passer à côté d’une telle occasion. »

Nous sommes partis lendemain pour Monzino et nous avons fait la course le lendemain en 10 heures depuis Monzino jusqu’au sommet du Mont Blanc. Descente sur Tête Rousse ou nous avons passé la nuit tranquillement pour descendre dans la vallée le lendemain matin et prendre le train cette fois ci pour de bon pour Benoit.

Moi je repense souvent à cette décision courageuse et pleine de bon sens qui a boosté Benoit pour le reste de l’année, mais qui a surtout enrichi son carnet de course et sa vie d’une manière incroyable. Nous y pensons tous les deux régulièrement et rien ne peux remplacer de tels souvenirs qui valent plus que tout!

Une phrase de JFK me revient aussi chaque fois à l’esprit. il disait: « Rien ne sert de vouloir ajouter des années à sa vie, mieux vaut ajouter de la vie à ses années » et cette histoire en est une merveilleuse preuve.

Merci Benoit pour cette belle leçon

Pierre