Voie Ginat aux Droites

Une fois de plus, je me retrouve à la première lumière du matin pour attaquer la goulotte  qui coupe la partie supérieure de la paroi Nord des Droites! Cette fois, je partage l’ascension avec Andrea. Nous avons attendu patiemment que les conditions de montagne soient aux mieux pour partir. Je dois avouer que ça a souvent été une attente frustrante à cause de la météo instable.  Nous sommes arrivés au refuge d’Argentière en début d’après midi et nous avons passé le reste de la journée collés à la fenêtre, armés de jumelles pour repérer chaque mètre de la Ginat, mais également pour suivre les 6 cordées toujours présentes sur la dernière partie de la paroi, à 18 heures. Cela nous amène à nous poser des questions sur les conditions des deux dernières longueurs raides, donnant accès aux champs de neige finales. De loin, nous ne pouvons que deviner la glace mince … mais toutes les cordées passent à gauche contre les rochers!  Après l’étude d’un éventuel plan B pour éviter les obstacles, nous nous sommes couchés pour reposer les os pendant les quelques heures qui nous restaient: le réveil  est réglé pour  1h! Pendent  l’approche, nous voyons beaucoup de lumières se déplacer rapidement sous l’Aiguille Verte et descendre sur le glacier d’Argentière en direction des Droites. Je compte 7 cordées entre celles qui partent de l’abri et celles provenant de la station des Grands Montets, toutes équipées avec des skis, et qui arrivent forcement avant nous à la rimaye: Zut! Je prévois une longue journée de bouchon ou nous allons nous battre pour passer devant.  Nous devons absolument rattraper et dépasser quelqu’un. J’étais sûr que nous pouvions le faire, parce que notre charge se limitait aux raquettes … alors que les autres étaient ralentis par les skis sur le sac. Et ce fut ainsi. Sur la «banane» ou « variante Messner » on dépasse 3 cordées, les 3 autres on les rejoint en haut de la pente médiane. Certains se déplacent à gauche  vers la route Messner, et il reste seulement une cordée sur la Ginat devant nous. Avec grande surprise, le soleil illumine toutes les longueurs suivantes, et nous en profitons pleinement avec un plaisir immense. La dernière partie, qui nous mettait des doutes, passe sans aucun problème! Tant mieux! A 12h30, nous arrivons au sommet et après un verre de thé chaud, nous entamons la descente en face S derrière la brèche avant qu’il ne fasse trop chaud. Sur le glacier du bas, nous descendons en glissant  sur les fesses, profitant d’une neige encore compacte, et finalement nous continuons la descente sur Chamonix, vue l’heure qu’il est en espérant avoir le dernier train du Montenvers afin d’éviter une longue descente entre rails et ballaste jusqu’à Chamonix. Une fois de plus, sur cette face, je me sens comme à la maison, et Andrea a été un super compagnon de cordée.  A 19h30, nous sommes assis en face d’une pizza à rêver de cette journée parfaite!

A bientôt avec vous peut être.

Enrico Bonino

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